jeudi 24 décembre 2015

Alligators et noix de coco - km 7452 à 8000

Tout d'abord, commençons par vous annoncer que nous avons terminé notre traversée des États-Unis, d'un océan à l'autre, de Seattle à Key West, le point le plus au sud du pays ! Nous avons terminé notre périple après 112 jours de vélo, après avoir pédalé dans douze (12) états américains et totalisé 8 000 km.

À partir de Fort Myers, il nous aura fallu dix (10) jours pour atteindre Key West, alors que nous aurions pu le faire en quatre (4) jours. Que s'est-il passé ? Eh bien, nous avons pris des vacances ! Contrairement à ce que bien des gens disent ou pensent, cette traversée ne s'est pas avérée être 112 jours de vacances. Lorsqu'on a un cadran pour se réveiller le matin et que nous pédalons environ 5h à 6h par jour, nous n'appelons pas cela des vacances. Disons plutôt un périple, une expdition, ou encore un voyage. Un merveilleux voyage par contre :)

On entame la dernière partie du voyage en partant de Fort Myers vers 10h30 le mercredi 9 décembre. Nos vélos sont plus légers, car nous avons fait un petit tri dans notre équipement. Par exemple, nous avons retiré nos manteaux en duvet et quelques morceaux de vêtements chauds comme nos tuques et nos gants, des outils et des pièces de vélo. Nous arrêterons nous acheter très peu de nourriture, juste assez pour le souper et le dîner du lendemain. En ayant peu de vivre, nous sommes moins lourd. Quelques grammes ne paraissent peut-être pas changer grand chose au poids total du vélo, mais après avoir retiré tous les petits articles légers et après n'avoir acheté que le stricte minimum de nourriture, la bécane avance plus vite et on est moins fatigués après une longue journée. Il fait très chaud et très humide, l'air est lourd et il n'y a pas de nuage. Le soleil plombe sur nous et il est impératif de prendre des pauses à l'ombre, de remplir nos gourdes et d'y mettre de la glace. L'eau réchauffe vite et lorsqu'on est assoiffé, l'eau fraîche est tellement plus agréable ! Les routes que nous empruntons sont plus ou moins adaptées aux vélos, mais elles semblent en construction ou en réparation pour la plupart d'entre elles. Après 90 km, nous parvenons au Seminole-Collier State Park où nous décidons de nous arrêter. Nous voulions nous rendre 25 km plus loin afin que la journée du lendemain soit plus courte, mais il est 17h et la nuit tombe. Le lendemain, nous traverserons les Everglades et il est impossible d'y camper sur une longue distance (120 km à partir du Seminole-Collier State Park) puisque ce sont des aires protégées et que la végétation ne nous le permettrait pas, même si on voulait.

Toujours est-il que nous nous dirigeons vers la guérite du parc et nous demandons si nous pouvons nous camper à l'intérieur du parc. Une douche nous ferait terriblement du bien... Malheureusement, le camping est en rénovation et le seul endroit où nous pouvons installer notre tente est sur un stationnement en gravel, sans table à pique-nique ni toilette. Et en plus, il faut débourser 11$ pour y passer la nuit. Un rapide coup d'oeil entre nous et on dit au monsieur qu'on laisse faire. Juste en sortant de la cabane, un couple vraiment enjoué et visiblement content de nous voir nous demande si les vélos sont à nous (il n'y avait que nos deux vélos à l'extérieur et nous avions nos casques de vélo sur la tête). La femme nous explique qu'ils avaient eux aussi déjà fait des voyages à vélo et que ça les faisait tripper de nous voir. Ils nous demandent si nous cherchons une place pour passer la nuit et nous leur expliquons la situation. Toujours souriants, ils nous disent qu'ils sont des «volontaires» pour ce parc (volunteer en Anglais signifie être un bénévole) et qu'ils seraient vraiment heureux de pouvoir nous héberger pour la nuit... dans leur roulotte ! On saute sur l'occasion et nous les suivons sur quelques centaines de mètres. On prend une douche dans cette superbe roulotte et nous faisons connaissance avec les voisins, qui sont tous eux aussi volontaires. Aux États-Unis, ces gens sont logés gratuitement et effectuent du bénévolat. Souvent, ce sont des gens retraités qui aiment le plein air, comme nos hôtes et leurs voisins.
Puisqu'il est l'heure du souper, on se prépare à cuisiner, mais ils avaient déjà des plans. Ils allaient manger des hamburgers dans un restaurant à Naples Manor, une ville que nous avons traversé un peu plus tôt dans la journée à vélo. Ils nous y emmènent en voiture et nous disent gentiment : « Laissez-nous vous gâter ! ». On se fait donc payer un souper délicieux accompagné d'une bonne bière. Après avoir mangé, on passe au dessert et on va déguster une crème glacée Cold Stone très élevée en calories et en sucre hihi. Nous passerons vraiment une belle soirée en leur compagnie et nous veillerons un peu une fois de retour à la roulotte. Nous ne montons même pas la tente, nous dormons sur les deux divans dans la roulotte. Nous y sommes un peu plus au frais, puisqu'il y a des ventilateurs. On va dormir habillé très légèrement et sans couverte. Il fait vraiment chaud. Et humide.

Au matin, on déjeune un sandwich aux oeufs en compagnie de nos hôtes et nous quittons à 8h30. Au moins, il fait nuageux et cela paraît, le température est presque supportable. Nous empruntons la route 41 en direction est. L'autre route qui traverse les Everglades est l'autoroute 75, aussi appelée «Alligator Alley». Vous aurez peut-être deviné que nous allons en croiser quelques-uns... 



Les Everglades sont une énorme étendue marécageuse, s'étendant sur plus de 10 000 km carrés. Il s'agit de plaines inondées par les bras du lac Okeechobee, qui se trouve un peu plus au nord. Lorsque la route 41 a été construite, une cinquantaine d'années auparavant,  les Everglades étaient un jardin inondé qui se trouvait au sud de la Floride. Du remplissage a été nécessaire afin de construire une route qui puisse relier la côte est à la côte ouest. Cette route a coupé l'affluent d'eau qui provient du lac Okeechobee et qui se jette dans le golfe du Mexique. La route a été inondée à intervalles réguliers, forçant les autorités à installer des barricades ou bien des poches de sable. Le côté nord de la route 41 est encore plus inondé qu'auparavant, et le côté sud a été privé de son affluent en eau fraîche. Avant la construction de la route 41, l'eau était un mélange d'eau fraîche et salée, tout dépendant de la latitude. Maintenant, l'eau est beaucoup plus salée du côté sud, modifiant ainsi le paysage et les plantes y poussant. Les plantes, les animaux et les espèces marines se sont adaptées à ce changement de la nature : les mangroves poussent dans l'eau salée et les alligators préfèrent l'eau fraîche. Les oiseaux fréquentent davantage les endroits pourvus d'eau fraîche, là où il y a plus de poissons. Le côté sud de la route 41 ne reçoit plus d'affluent en eau fraîche et les plantes vivent plutôt dans un étang stagnant. Les mangroves ont pris d'assaut ces lieux, mais se meurent. Des plantes indigènes ont été plantées par les autorités pour essayer de raviver cette immense étendue protégée, mais elles ont envahies les plantes natives. Depuis 1993, les Everglades sont en voie de disparition. Récemment, la Floride a entamé la rénovation de cette route en construisant des ponceaux afin de permettre l'eau fraîche de continuer sa route jusqu'au golfe de Mexique.




Donc, lorsque nous nous dirigeons vers l'est, les alligators que nous verrons seront du côté gauche de la route. C'est avec excitation que nous verrons nos premiers reptiles près d'un ponceau. Ils attendent patiemment que les poissons mordent les crevettes misent en appât par les pêcheurs afin d'essayer de les manger. Les pêcheurs nous disent de faire attention à ces animaux, car ils ont l'air lent et relaxe, mais ils sont dangereux. Ils peuvent être très rapide s'ils veulent attaquer. Ils craignent habituellement l'homme et ne cherchent pas à l'attaquer, mais plusieurs personnes en prennent avantage et les approchent de trop près, forçant ainsi l'animal à défendre son territoire ou son nid. Ils vont habituellement fermer leurs puissantes mâchoires sur leur proie et l'amener dans l'eau, où elle se noiera. Donc, si on croise certains de ces reptiles de trop près en vélo, nous ne sommes pas à l'abri d'une attaque éclair. Rassurant, n'est-ce pas ? Heureusement, nous restons prudents et les seuls alligators que nous verrons serons de l'autre côté de la barrière et assez éloignés. Nous verrons aussi plusieurs espèces d'oiseaux, dont une qui plonge pour pêcher et ensuite qui se fait sécher les ailes au soleil. Ce sont des Grands Cormoran.

Après presque 100 km, cela fait plus de 5h que nous pédalons et nous commençons à être tannés. On arrête dans un village amérindien demander si nous ne pouvons pas tirer notre tente sur un espace vert, mais les lois nous l'interdisent, semble-t-il. Résignés, on continue et on croise beaucoup de compagnies qui offrent des tours d'hydroglisseurs dans les Everglades. On termine notre journée au casino amérindien qui se trouve à être à la fourche des routes 41 (la Tamiami Trail) et 1 (celle que nous suivrons en direction sud le lendemain). Nous nous étions fait recommander par nos amis du Seminole-Collier State Park de dormir dans le stationnement du casino et d'aller manger au buffet. Comme nous avons aussi envie de nous laver et qu'il y a sûrement une piscine dans l'hôtel du casino, Ariane a été désignée pour aller se renseigner à l'accueil. Le buffet est ouvert au public, mais il est au 2e étage. L'employé (au masculin) nous permet d'emmener nos vélos dans une pièce barrée afin que nous puissions aller manger la tête tranquille. Par contre, il faut avoir une chambre d'hôtel pour pouvoir utiliser la piscine, car il faut une carte magnétique. Mais le gars dit à Ariane qu'il peut lui faire une carte ;)
Toute contente, Ariane sort dehors dire à François que nous pouvons entrer nos vélos à l'intérieur, prendre une douche, aller manger au buffet pour 11$ chacun et ensuite retourner à la piscine se baigner, prendre un spa et un sauna. Wow ! On va manger comme ça se peut pas, goûter à tous les plats et littéralement se remplir la panse. Tout adonne si bien ! Mais ce qui allait comme sur des roulettes va se transformer en une nuit abominable.

On se dirige vers l'étendue de gazon sélectionnée plus tôt dans la clarté et on y monte la tente. Sous un lampadaire (on a pas vraiment le choix d'emplacement). Et les voitures circulent dans le stationnement à toute heure du jour comme de la nuit. Les phares vont nous éclairer et il fera clair comme en plein jour dans la tente. Juste au moment où nous entrons dans la tente, une voiture de police amérindienne s'arrête à côté de nous et dit : «Je vais faire comme si je n'avais rien vu, mais ils vont venir vous avertir et vous dire de partir». Hmmm... Bon, on va se coucher pareil. On va avoir de la misère à s'endormir, entre autres à cause de la clarté, de l'humidité épouvantable et des bruits. À minuit et demi, quelqu'un nous réveille. François sort de la tente et discute avec un gars de la sécurité qui lui dit qu'on ne peut pas dormir ici. C'est supposément dangereux à cause des serpents. On s'en fout des serpents, on veut juste dormir. Mais il réplique que nous ne pouvons pas dormir sur le terrain des amérindiens, on doit avoir une chambre. Pourtant, il y a plusieurs roulottes à côté de nous et beaucoup de camionneurs. Mais non, les tentes n'ont pas le droit, on doit partir. François insiste sur le fait que nous traversons les États-Unis à vélo et que nous avons eu une longue journée et que nous ne pouvons pas nous permettre une chambre d'hôtel. Le surveillant va revenir avec son superviseur et il va nous radoter la même salade. François va lui dire les mêmes arguments et Ariane va même sortir de la tente pour lui faire un petit « Allô ». Un peu plus clément (probablement parce qu'Ariane est une fille), le superviseur va nous permettre de rester où on est jusqu'à 5h. À cette heure, le superviseur termine son quart de travail et va venir voir si on est parti. Parfait, ça nous va (il ne faut pas trop en demander des fois). Incapable de nous rendormir, on va commencer à ranger nos choses et à démonter la tente à 4h40. Comme il fait encore nuit noire, on ira boire un café sur les tables à pique-nique du Subway en attendant qu'il fasse un peu plus clair avant de commencer à pédaler. 

À 6h45, on décide de partir. C'est vendredi le 11 décembre. La route que nous empruntons, la 1, est en construction et il n'y a aucun accotement. Il y a beaucoup de  circulation dont pas mal de camions et de 10 roues. On doit constamment se tasser sur le gazon car on se ferait tuer par ces chauffeurs. La majorité ne ralentissent pas du tout. Certains klaxonnent pour nous avertir qu'ils arrivent (au moins). La route est très étroite et des espèces de bâtons mous sont au centre de la route. Donc, les véhicules ne peuvent pas rouler autrement que dans leur voie respective. Après une heure ou deux, on croise un signaleur routier. On lui demande si on ne devrait pas emprunter une route parallèle, mais il nous dit qu'il ne reste que deux miles (environ 3 km) de route en construction. On aurait pu aller voir si une route en parallèle était mieux, mais souvent, les routes secondaires sont encore pires et les plus proches étaient à plus d'un kilomètre de détour. Ça nous tentait pas. Disons aussi que nous étions fatigués et moins patients que normalement... Bref, on fini par arriver à un pont. 

Et voilà, nous y sommes : les Keys ! Yahoooo !



C'est maintenant que nous prenons vraiment conscience que la fin du voyage approche.   Exactement 160 km nous sépare de Key Largo à Key West, soit la première et la dernière ville accessible en voiture / vélo. Nous arrivons à Key Largo vers 14h pour nous rendre compte que c'est ultra touristique. Que des boutiques souvenirs et des RV Park. On voit des pancartes qui stipulent qu'il est interdit de se stationner ou de camper entre 23h et 6h là où se serait intéressant. Et partout, c'est peuplé. Chaque parcelle de terrain habitable appartient à quelqu'un. Les Keys, c'est à la fois gros et petit. Il n'y a qu'une seule route qui traverse les Keys et c'est la 1. Ensuite, tout dépendant de la grosseur des îles, c'est quelques rues de chaque côté de la route principale. Il y a plusieurs endroits qui  ne sont pas habités et c'est parce que c'est trop marécageux ou encore parce que ce sont des endroits protégés. Nous nous rendons à une église pour demander si nous ne pouvons pas monter la tente sur leur terrain. Malheureusement, pour des questions d'assurances, on ne peut pas.
On va donc explorer un peu et le prix des camping est ahurissant. Une madame nous demande 50 $ pour la nuit, en arrière d'une roulotte, sur du gros gravier, sans piscine ou table à pique-nique !!! On va voir ailleurs et les prix sont semblables. On arrête dans un « State Park » et il est complet. C'est sûr, ce n'est que 8 $ la nuit... Finalement, vers 16h, on arrive à un camping qui coûte 42 $, avec piscine, plage, douche, salle de lavage, endroit réservé pour les tentes avec table à pique-nique, eau courante, etc. La madame est très gentille et on commence à être fatigués. Il ne faut pas oublier notre sommeil troublé de la nuit dernière...
Et donc, on paye. Aouch ! Mais bon, on a pas trop le choix... On monte la tente rapidement et on se dirige ensuite vers la plage ! On avait tellement hâte de se baigner sur une plage dans les Keys !



On sera vite déçus : il n'y a pas vraiment de plage, dans les Keys. Comme il y a une barrière de coraux dans l'Atlantique, les vagues ne peuvent se rendre jusqu'au rivage et ce sont celles-ci qui créent les plages. Le bord de l'eau le long des Keys est très peu profond et l'herbe marine y pousse partout. Comme l'eau est salée, les mangroves envahissent également les rivages. Lorsqu'on arrive à la « plage », on est vraiment désappointés. On va sauter dans l'eau à partir du quai, juste pour dire. Et ensuite on court jusque dans la piscine. Eh oui, on va se baigner dans une piscine alors que le camping à 42 $ borde l'océan Atlantique. Mais l'eau est chaude, et on va passer plus de deux heures à jouer dans l'eau et à prendre des photos sous-marine. On s'amuse ! Plus tard dans la soirée, on rencontre un couple mexicain qui se promène en moto. Un peu dans le même style que nous, avec des sacoches et ben du bagages, mais avec un moteur. On va placoter et se conter des histoires de voyage jusqu'à ce que nous tombions de fatigue. On va très bien dormir.



Au matin, on dit au revoir à nos amis et nous partons vers 10h. On a un vent de dos incroyable qui nous pousse et on roule facilement dans les 20 km/h, sans trop d'effort. On voit une espèce de plage avec des gens assis sur des chaises sur le bord de l'eau. On arrête, il fait très chaud et on mange une petite collation à l'ombre des palmiers. On va se baigner, l'eau est un peu plus creuse qu'ailleurs et le fond marin est parsemé de sable et de roches. C'est toujours plus agréable que des algues ! On fait la connaissance d'un Cubain qui sera très impressionné par notre attirail et notre voyage. Il va même nous offrir deux bières que nous dégusterons avec plaisir en sa compagnie ! 





On poursuit la route en admirant le paysage. Nous pouvons voir de chaque côté de la route entre deux Keys (on dit les Keys, mais c'est le nom donné aux îles. Chaque île est nommée «Key Quelque chose»). D'un côté, l'Atlantique et de l'autre, le golfe du Mexique. L'eau est peu profonde et d'une couleur magnifique, surtout avec le soleil. Elle passe du turquoise pâle au foncé, avec parfois des endroits d'un bleu plus ombre, là où il y a beaucoup de végétation. Pour que les bateaux puissent circuler, il y a un canal creusé à main d'hommes. Ici, c'est la haute saison. C'est l'hiver et on peut voir beaucoup de «snowbird», autant des Québécois, des Ontariens ou des New-Yorkais. Il y a une quantité phénoménales de pêcheurs sur les ponts et d'oiseaux dans les airs. Le paysage est totalement différent de ce que nous avons pu apercevoir lors de notre voyage. Des fois, on a des préjugés du genre : ah le sud, c'est juste des plages de sable blanc avec des pruneaux de plage (personnes très très bronzées avec la peau qui va avec les nombreuses heures passées au soleil). Mais on oublie souvent la faune et la flore qui va avec cette température. On peut voir plusieurs variétés de palmiers, dont le palmier nain, le cocotier et le palmier royal. On peut aussi admirer des arbustes aux fleurs colorées et respirer l'odeur marin des Keys. On va également faire le saut lorsqu'on va passer près d'écraser un iguane sur la piste cyclable. Il y en a tellement qu'on doit ralentir et leur laisser le temps de nous voir et ensuite se sauver. Il y en a des verts éclatants, des verts plus foncés et même des oranges. Il y en a des touts petits et des vraiment gros. Ces animaux sont arrivés sur les Keys suite à une tempête ou un ouragan. Ils sont venus, malgré eux, des îles plus au sud, soit Cuba ou la Jamaïque ou autre. Ils se sont bien adaptés puisque le climat est très semblable à celui de leur île d'origine.




On n'est pas trop pressés ni stressés en cette belle journée chaude et ensoleillée car nous savons où nous allons dormir. Nous avions rencontré un couple de la Floride qui traversaient eux-aussi les États-Unis à vélo dans le parc national du Grand Canyon, Devon et Joe. Eh bien, Joe a un ami qui habite à Marathon, sur l'île de Grassy Key (la ville de Marathon s'étend sur plusieurs îles). Après 70 km, nous parvenons à Keys Cable. C'est le nom de l'endroit où Matt, l'ami de Joe, habite en compagnie d'amis. C'est en fait un assez gros terrain vague, qui était autrefois une carrière de calcaire, qu'ils ont transformé. La carrière s'est remplie d'eau et ils utilisent ce nouveau lac pour y donner des cours de wakeboard. Il y a également un jardin, un poulailler, une bâtisse pour entreposer le matériel et deux roulottes habitées. Si on dit que c'est un endroit de hippie, comprenez-vous l'ambiance ? Dans le jardin, il y a des bananiers, des ananas, des cocotiers, des fines herbes, des légumes, etc. Il y a même quelques ruches en retrait. Nous dormirons les deux vestibules ouverts cette nuit-là, car c'est humide comme c'est pas possible. L'humidité doit être près de 80 %, si ce n'est pas plus. On ne se donne même pas la peine de sortir les sacs de couchage.






Le lendemain, on prendra une journée de congé afin de profiter des Keys. On veut faire de la plage, comme on dit en bon Québécois. On se rendra à Sombrero Beach, mais la température alternera entre soleil et pluie. Malgré tout, on se baigne dans l'eau chaude et on boit quelques bières assis les fesses dans le sable. On va tout de même pédaler 40 km, mais relaxe. Le soir venu, on va manger notre sachet de nourriture lyophilisée que nous trainons depuis maintenant 107 jours. Nous en avons apporté chacun un sachet  qui nous servait de nourriture de secours en cas de besoin. Tant qu'à l'avoir apporté, on va enfin y goûter ! On va ensuite passer le reste de la soirée avec nos hôtes et leurs amis, autour du feu, à regarder les constellations et les étoiles filantes.




Nous quitterons Keys Cable à 10h le lendemain. On se considère en vacances, nous ne sommes que lundi le 14 décembre et il nous reste moins de 120 km à pédaler avant Key West. On reprend la route 1 direction ... ouest ! En effet, à partir de Key Largo, les Keys suivent une courbe vers le sud ouest. On consulte un peu notre horaire, notre budget, les endroits qu'on veut visiter et nous nous arrêtons dans un kiosque d'information touristique pour nous renseigner sur les traversiers. Nous avions prévu embarquer sur le traversier qui part de Key West et qui se rend jusqu'à Fort Myers Beach, situé à plus ou moins 30 km de chez la tante d'Ariane. Donc on pose des questions, la madame appelle au traversier et surprise !



Il n'y a pas de traversier pour le lendemain et le surlendemain, mardi et mercredi, le prochain va à jeudi. Il y a un départ par jour de Key West, à 18h et il accoste à Fort Myers Beach vers 22h.

Nous sommes lundi. On est donc « bloqués » dans les Keys pour les trois prochains jours. Au début on est un peu choqués, car on avait pas prévu cela, mais finalement, on ne va pas regretter ces jours de congé forcé ! De tout façon, cette journée-là, nous savions que nous allions dormir à Cudjoe Key. Ce n'est pas du tout une île touristique, c'est-à-dire qu'il n'y a pas de camping ou d'hôtel sur cette île. Ce ne sont que des habitants. Où allons-nous dormir alors ? Eh bien... figurez-vous que nous avons rencontré un cycliste au tout début de notre voyage, dans l'état de Washington. Il nous a mentionné qu'il connaissait quelqu'un dans les Keys, si jamais on y allait. Alors nous y voici, et c'est chez Joy que nous nous rendons dans l'après-midi. Mais avant cela, on fait un arrêt à la seule belle plage selon les gens de la place. Une personne née dans les Keys est surnommée «Conch». Selon eux, le « State Park Bahia Honda » est un endroit absolument magnifique et c'est un incontournable. On s'y arrête et on va y rester un peu, le temps de s'y baigner et de dîner. On va arriver chez Joy à 17h, après 65 km et seulement 3h45 de vélo.



La maison de Joy est à quelques mètres d'une baie qui communique avec l'Atlantique. Elle possède une grande maison sur pilotis, comme toutes les maisons dans les Keys. Perdus en plein milieu de l'océan, les habitants des Keys ne sont pas à l'abri des ouragans ! Joy reçoit plusieurs personnes dans ses nombreuses chambres vides à louer. En plus, c'est la fête à un de ses chambreurs ce jour-là. Après une douche, nous aiderons Joy à cuisiner le repas pendant qu'elle nous concocte un gâteau. Comme il lui manque des ingrédients pour son dessert, elle va appeler un voisin pour lui emprunter du sucre et de la vanille. Nous ferons ainsi la connaissance des Lewis, qui habitent juste en face, de l'autre côté de la rue. Il sera près de 21h30 lorsque nous commençons à manger. Après avoir soupé, nous retournons dehors chercher des trucs sur nos vélos et nous rencontrons les enfants des Lewis, Emily, David et son ami Robby. Ils ont environ notre âge et on discute un peu. Ils nous invitent à se revoir, si on veut faire des activités. Eux aussi sont en vacances. Ils habitent à Bâton-Rouge, en Louisiane, mais pendant leur congé scolaire, ils viennent ici avec leurs parents, dans leur maison des Keys. On se dit à la prochaine et on va se coucher.

Le lendemain, il fait super beau soleil et Joy nous fait visiter sa propriété. Elle nous présente toutes les variétés de plantes, de fleurs et d'arbres sur son terrain. Elle tient à nous montrer où sont les deux «poisonwood», Metopium toxiferum, des arbres qui produisent une sève très irritante pour la peau et qu'elle ne peut pas couper, car ils sont  protégés. Ils ne poussent que dans les Keys et dans certaines régions des Bahamas et des Caraïbes. Après avoir considérablement augmenté nos connaissances de la faune et flore des Keys, nous nous mettons au travail. On peut payer notre séjour, ou alors investir quelques heures de nos journées à faire de l'aménagement paysager. Il y a beaucoup à faire... On débroussaille le terrain envahi par les palmiers : on retire les feuilles de palmier qui recouvrent le sol, on enlève les noix de cocos qui sont tombées des arbres et qui jonchent le sol (il doit y en avoir des centaines), on bêche, on utilise les machettes pour couper la végétation qui est très dense et AAAAHHHHH !!!! On voit PLEIN de bibittes. Des insectes qui ne vivent que dans des endroits chauds et humides. Oui, la température est belle et chaude, il y a une quantité de belles plantes que nous ne pouvons pas avoir au Québec... mais il y a aussi les animaux plus ou moins gros. C'est presque une jungle où on se trouve. Il y a des crabes qui vivent dans la terre, certains sont gris, d'autres bruns ou encore bleu. Il y a des coquerelles immenses, des milles-pattes qui doivent mesurer de 10 à 15 centimètres de long, des fourmis et plein d'autres bibittes qu'on fait le saut à chaque fois qu'on en voit car c'est gros, ça grouille et on a jamais vu ça (et ça nous fait pas vraiment tripper, mais plutôt sursauter). On va travailler fort et suer un bon coup. On ne fera pas de vélo, donc allez ! 







Après quelques heures de dur labeur, on va embarquer chacun dans un des kayaks de Joy, en costume de bain et avec des palmes, un tuba et un masque. Nous allons faire de l'apnée ! On doit pagayer assez loin, car c'est tellement peu profond que nous aurions de l'eau seulement jusqu'aux mollets si on restait près du rivage. On arrête à côté d'une île de mangroves, où il y a presque 2 mètres d'eau de profondeur. On va voir quelques beaux poissons et voir comment des arbres poussent dans l'eau salée. Mais l'eau est un peu trouble et la visibilité n'est pas à son meilleur. Ce fut tout de même une première expérience d'apnée pour Ariane ! Au retour, on se fait manger par les moustiques qui sont un million lors du coucher du soleil. De 17h à 18h30 environ, c'est préférable de rester à l'intérieur et de cuisiner ou de faire des activités dans la maison (ou la tente). Il y a tellement de moustiques ! En Floride, les villes sont vaporisées afin que les larves de moustiques soient tuées avant de devenir adultes. Joy nous prépare à souper, mais on va tout de même l'aider à terminer de cuisiner et puis on ira se coucher, cette fois munis d'un ventilateur.




Le matin du 16 décembre, Joy nous annonce que nous pouvons aller faire de l'apnée avec les Lewis ! Nous serons neuf (9) personnes sur le bateau des Lewis pour nous rendre au sanctuaire national marin de Looe Key. Il s'agit d'un parc national sous-marin où les coraux et les poissons qui s'y trouvent sont protégés. Nous y ferons de l'apnée dans l'eau chaude de l'Atlantique. Les Lewis vont aussi nous prêter un wetsuit qui nous aide à flotter (François en a pas besoin, mais Ariane, ça ne lui fera pas de tort...) et qui nous protège contre les méduses. Eh oui, il y a beaucoup de méduses, mais elles ne sont pas mortelles si on y touche par mégarde. Par contre, sa fait mal et leur contact nous brûle la peau. Nous avons l'occasion d'apercevoir plusieurs espèces de poissons de couleurs brillantes et magnifiques. Nous voyons même trois mérous (grouper en Anglais), ces poissons énormes qui peuvent peser jusqu'à 100 kg. À ce qui paraît, il est rare d'en voir autant à la fois. Ils se promènent en dessous du bateau, à la recherche d'ombre. Avant que tout le monde ne soit de retour dans le bateau, on retire nos palmes, masque, tuba et wetsuit. On boit du gingerale pour essayer de contrer un éventuel mal de mer, car le bateau ne mesure que 22 pieds et il y a quand même de la houle. Les vagues ne sont que de 1 à 2 pieds de hauteur, mais le catamaran tangue. Assez pour qu'Ariane ait un petit mal de coeur qui va la garder tranquille jusqu'au retour à Cudjoe Key.








Dans les Keys, certains quartiers de maison ont non seulement accès à la route pour circuler en voiture, mais aussi un accès direct à l 'eau via des canaux creusés à partir d'un plan d'eau (baie, golfe ou océan). On stationne le bateau juste derrière la maison, dans le canal. Formidable, n'est-ce pas ?
De retour à Cudjoe Key, environ 30 minutes après avoir quitté Looe Reef, on lave le bateau à l'eau fraîche et tout le matériel qui a été en contact avec l'eau salée. L'eau salée  qui sèche sur du matériel peut l'abîmer, donc il est préférable de tout passer à l'eau non salée. On se lave nous aussi dans la piscine des Lewis et on prend une bière en compagnie de nos nouveaux amis. C'est vraiment plaisant, car il ne nous est pas arrivé souvent de fréquenter des jeunes de notre âge. Nous avons rencontré Devon et Joe au Grand Canyon, Regina et ses amis à Nouvelle-Orléans et... c'est tout. En 109 jours ! Alors on en profite, surtout qu'on s'entend tous bien ensemble. On va prendre un petit souper typique de la Louisiane avec Jake et Lisa, M. et Mme Lewis. On mange des fèves rouges avec un peu de riz. Ensuite, on va prendre une bière au No Name Pub, à No Name Key avec David, Emily et Roby. Cet endroit est réputé pour avoir des billets de 1 $ cloués partout sur les murs intérieurs. Ils estiment avoir plus de 100 000 $ en billets de 1 $ et il y en a littéralement partout. Il y a même des couches de billets un par dessus les autres, c'est incroyable.



En théorie, nous avions prévu partir le lendemain matin, le jeudi 17 décembre, pour se rendre à Key West, visiter un peu et prendre le traversier. Nous avions déjà notre réservation, mais nos amis veulent vraiment pour que nous restions une journée de plus car ils veulent retourner en bateau le lendemain à un endroit différent, juste nous cinq. En plus, David fait de la plongée et il veut aller faire de la pêche au harpon en compagnie de François, qui plonge lui aussi ! On ne se fait pas prier longtemps et on appelle pour changer la date de notre réservation sur le traversier.






Donc le lendemain matin, après avoir déjeuné chez les Lewis, c'est sous un superbe soleil que nous nous rendons sur un nouveau site pour y faire de l'apnée pour Ariane et de la plongée pour François. Les vagues sont plus hautes que hier, elles sont de 2 à 3 pieds et c'est plus difficile de nager en apnée. Il faut mentionner qu'Ariane a des compétences très limitées en natation et quasiment aucune expérience. Emily et Robby vont bien prendre soin d'elle et toujours vérifier si elle va bien. La nage jusqu'au phare n'est pas difficile, mais c'est à travers le courant et assez creux, peut-être 6 à 8 mètres. Dans ce temps là, il faut rester calme. Rendus au phare, on voit quelques coraux et des poissons, mais bien moins nombreux que ceux du parc de Looe. Le retour se passe bien aussi, mais rendu au bateau, Ariane va mettre une veste de sauvetage. On va rester les trois dans l'eau à s'amuser en attendant François et David qui ne sont pas encore revenu de leur sortie de plongée. Après un moment, on retourne dans le bateau attendre les gars et on regarde la surface de l'eau si on ne peut pas les voir. Mais il y a pas mal de vagues et c'est difficile de distinguer quelque chose. Après peut-être 30 minutes, les voilà ! Il était temps, on commence à avoir le mal de mer avec cette houle sur le bateau ! On retourne à Cudjoe Key se laver, dîner et travailler un peu sur le terrain de Joy. Un peu plus tard dans l'après-midi, nos amis viennent nous demander si on voudrait aller faire un tour de kayak dans la baie. Evidemment qu'on veut ! On va pagayer un peu et rire de David et Robby qui vont chavirer (in)volontairement à force de faire des niaiseries avec leur kayak double. Comme c'est notre dernière journée à Cudjoe Key, on va devenir amis sur Facebook et ainsi pouvoir garder contact. On se fait inviter à venir les visiter en Louisiane et de revenir dans les Keys. On a vraiment passé du bon temps ici et leur compagnie était des plus agréable. Mais toute bonne chose a un fin ! Ils nous invitent à revenir déjeuner avec eux avant de partir demain matin afin de dire nos adieux.

On se lève tôt et on dit au revoir à Joy avant d'aller prendre un café et des oeufs avec les voisins d'en face. On partira à 9h30 avec un léger vent de face qui nous fera du bien, sous cette chaleur torride. Nous entrons dans la ville de Key West, enfin !



Juste avant d'arriver à notre destination finale, nous rencontrons... devinez qui ? Nos amis du Seminole-Collier State Park ! C'est dans leur roulotte que nous avions passé notre première nuit après être parti de Fort Myers ! Le monde est petit des fois hihi. Ils ont pris le traversier qui se rend à Key West, y ont passé une nuit et reprennent le traversier ce soir, le même que nous. Mais ils nous disent que le traversier est annulé en raison des vents trop violents qui soufflent dans le golfe du Mexique...

.....

Eh bien. Alors on est bloqué ici, à Key West ? On est pas très enthousiastes, car c'est horriblement cher et touristique. Encore plus qu'à Key Largo. Ils nous disent qu'ils étaient en chemin à pied pour l'aéroport afin de louer un voiture pour retourner à leur roulotte, car ils travaillent demain. S'ils peuvent louer une caravane ou un plus gros véhicule dans lequel on pourrait mettre nos vélos, ils vont nous appeler et nous irions les rejoindre à l'aéroport. Parfait. Alors on continue jusqu'à la bouée emblématique qui marque le point le plus au sud des États-Unis qui se trouve à 90 miles de Cuba. On est plus proche de Cuba que de Miami ici. 



On doit faire la file afin de pouvoir prendre une photo, on gonfle la balloune qui souligne la fin de notre voyage et... C'est tout. Le plaisir a été un peu gâché avec l'annonce du traversier annulé, car ça nous tracasse un peu. On est en vélo, on va moins vite qu'une auto, le budget est limité surtout qu'on est à la fin du voyage et on a pas vraiment envie de passer une journée de plus ici. On n'aime pas vraiment ça, on est pas dans une ambiance de bars et de restaurants, comme c'est ici. Finalement, on reçoit leur téléphone et nous apprenons qu'il ne reste que des petites voitures, tout le monde qui prenait le traversier a voulu louer une auto pour repartir par le seul autre chemin possible, la route. Bon. On appelle au traversier pour réserver une place pour demain soir, samedi le 19 décembre et on ne peut pas. Le traversier est annulé pour samedi aussi à cause des prévisions météorologiques et il se pourrait que dimanche il n'y ait pas de départ non plus. Il est environ 13h. On décide d'aller voir nous-même à l'aéroport pour louer un véhicule pour demain, puisqu'il n'y en a plus pour aujourd'hui. Les coûts sont astronomiques et rien n'est garanti que nous aurons un véhicule assez gros pour entrer nos vélos. On laisse tomber. On va voir au Greyhound (ce sont des autobus), mais ça n'ouvre qu'à 16h, et il n'est que 14h30. On doit attendre l'ouverture, car le site Internet de cette compagnie est tout simplement non fonctionnel. Donc, on va s'acheter un cigare cubain et de la bière, on va s'asseoir sur un banc en face de l'eau et on essaie de baisser le niveau de découragement. Ça marche un peu :)


À 16h, on va voir Greyhound et c'est ridicule. Un billet pour Fort Myers coûte 100 $ par personne, soit un peu plus que le traversier. Il y a un départ par jour à 8h15 le matin de Key West et la bus arrive à notre destination à 19h le soir, soit 11h de bus. On doit payer un supplément de 35 $ par vélo et ils doivent être dans des boîtes. Ils ne vendent pas de boîte. On sort rapidement de là.

En dernier recours, on envoie un message texte à Joy pour lui demander si on ne peut pas venir dormir chez elle ce soir-là et ensuite, on avisera. Quelques minutes plus tard, on reçoit un appel de David Lewis qui nous dit : «Are you in trouble, guys ?». Lui et Robby vont venir nous chercher à Key West avec le camion de M. Lewis. La rescue team vient nous rejoindre dans un poste à gaz et nous ramène à Cudjoe Key. Nous avons pédalé 68 km ce jour-là. On va dormir chez les Lewis et ceux-ci nous offrent de nous ramener à Fort Myers, puisque c'est sur leur chemin et que le coffre du camion est assez gros pour y installer nos deux vélos et toutes nos sacoches ! C'est formidable ! Ils prévoient quitter Cudjoe Key lundi matin le 21 décembre en direction de la Louisiane pour y passer le temps des fêtes avec leur famille.

Le matin du samedi 19 décembre, on va retourner, croyez-le ou non, à Key West en compagnie de la famille Lewis en auto. Comme ils connaissent la ville, ils nous font visiter les endroits clés et nous racontent des anecdotes ou des histoires sur ce que nous voyons. Nous passons une belle journée assez relaxe. On va aller dîner dans un restaurant servant des poissons pêchés le matin même. On se dit que ce que nous avons sauvé sur le traversier, on le dépense ailleurs ! Nous ne retournerons pas en bateau, car il y a beaucoup de vagues et de vent. C'est justement pour cela que notre traversier a été annulé, d'ailleurs. On va faire un dernier tour de bateau, mais juste dans la baie afin d'aller porter le bateau à la remorque pour l'entreposer pour l'hiver.

De retour à la maison de Cudjoe Key, on met tous la main à la pâte car tout le monde est invité à venir souper ce soir, incluant Joy et compagnie. Nous aurons l'occasion de déguster la cuisine louisianaise, incluant le gumbo, le gritz et le jumbalaya. Ce sont tous des plats typiques de la Louisiane et ils sont tous délicieux ! Comme nos amis ont une table de ping-pong extérieur, on va faire des tournois de ping pong toute la soirée, ainsi que le lendemain dans la journée.

Un peu maganés du tournoi de ping pong, on reste tranquille la journée du dimanche. De toute façon, c'est la dernière journée avant le départ et on fait du ménage. On ramasse la maison, on fait du lavage, on lave le bateau, on embarque les vélos dans le camion... Petite journée qui passe vite en fin de compte. Elle se terminera par un autre tournoi de ping pong bien arrosé !




On se lève tôt le matin du lundi 21 décembre pour pouvoir partir à 6h, mais le départ sera plutôt à 7h. Après n'avoir dormi que quelques heures, on essaie de dormir dans l'auto. On arrivera à Fort Myers vers l'heure du diner et se sera encore des adieux à nos amis. Cette famille nous a réellement accueillie et adoptée ! Nous avons tissé des liens avec chacun d'entre eux et ce fut pour nous des vacances merveilleuses. Après avoir pédalé tous ces kilomètres, nous n'aurions pas pu souhaiter mieux comme fin de voyage.
Le retour à Fort Myers signifie de défaire nos sacoches, faire un peu de ménage dans notre matériel, télécharger les photos, les regarder, écrire le blogue, allez se procurer des boîtes pour embarquer les vélos pour prendre l'avion...

Hihihi. Nos billets d'avion sont déjà achetés. Nous prenons l'avion demain le 25 décembre à 12h50 pour atterrir à Montréal à 16h05.

Ce voyage, qui a duré 112 jours, nous a permis de voyager à vélo à travers 12 états américains, de visiter huit (8) parcs nationaux et de pédaler un total de 8 000 km. Nous avons rencontré un nombre incalculable de gens et nous avons fait des rencontres fabuleuses avec des gens tous très différents. Nous sommes partis de Seattle le 29 août et nous somme parvenu à Key West le 18 décembre. Nous avons aussi appris à se connaître davantage. Ce n'est pas tous les couples qui peuvent s'endurer 24h par jour, à pédaler, cuisiner, manger, dormir, visiter... voyager ensemble. C'est un périple qui nous a fait voir des paysages magnifiques et de mieux connaître ce pays qu'est les États-Unis. Chaque état avait son petit quelque chose qui lui était propre. Même si nous vivons en Amérique du Nord, nous restons différents des Américains. Il y a des endroits qui nous ont donné l'envie d'y retourner et il nous en reste encore beaucoup à découvrir. Il y a tout de même 50 états... hihihi.





Nous tenons à vous remercier, chers lecteurs, ce fut vraiment un plaisir de partager avec vous nos aventures. On espère que nos textes et photos vous ont fait rêver autant que nous. Merci également à nos commanditaires, Outdoor Research, MSR, Thermales, Seal Line et Bike Café Canmore. Merci à nos familles et à nos amis ! Merci à tous les gens qui nous ont aidé pendant ce voyage et qui nous ont accueillis.

Guidon la route : les États-Unis d'un océan à l'autre, c'est un chapitre qui se termine, mais nous avons des plans pour le futur :)

Merci à tous xxx

Ariane et François





mardi 8 décembre 2015

Plages à l'horizon - Km 6269 à 7452

Après une journée de congé passée à écrire le blogue et à visiter, nous nous sommes couchés assez tard, vers une heure du matin. Le cadran a semblé sonné trop tôt, nous nous levons un peu maganés et fatigués hihi. On dit au revoir à Régina et on va faire l’épicerie avant de quitter la magnifique Nouvelle-Orléans. Nous empruntons la route 90, assez tranquille, qui se dirige vers le nord-est et qui nous mènera à travers plusieurs bayous. Nous devons traverser quelques ponts qui sont plutôt étroits. Regardez la photo où Ariane est sur le pont. Les voitures se tassent un peu et ne ralentissent presque pas. Mais pourquoi elle ne roule pas sur l'accotement ? Eh bien, vous voyez cette petite tache bleue un peu plus loin ? On ne voit pas très bien ce que c'est, mais en vélo on en veut pas prendre la chance de rouler par-dessus. On ne se souvient pas c'était quoi, probablement un morceau de pare-choc de voiture ou autre. Bref, on ne sait jamais ce que cela peut être. Et donc, les ponts sont les portions de route les moins agréables à traverser et souvent les plus dangereuses. En plus, il n'y avait pas beaucoup de traffic sur cette route... Heureusement ! Nous avons une superbe vue sur le lac Borgne (nous ne sommes pas encore dans le golfe du Mexique) et les maisons sur pilotis. Elles ont toutes été reconstruites après l’ouragan Katrina qui les a dévastées en 2005. Certaines maisons sont vraiment hautes, d’autres un peu moins. Les autos sont stationnées en dessous des maisons. Cela doit coûter assez cher d’assurances vivre-là…




Nous avons aussi un énorme vent de face qui nous ralenti terriblement. Les vents doivent varier entre 25 et 45 km/h avec des rafales encore plus rapides, dépassant les 50 km/h. Nous pédalons pendant 5h et nous ne faisons que 66 km, mais assez pour traverser au Mississippi, notre 10e état ! Nous dormons à Pearlington, une très petite ville. Nous trouvons un petit bout de terrain derrière la caserne de pompiers. Ce ne sera pas trop long nous endormir…


La journée suivante ne nous donne pas de répit, le vent est toujours aussi féroce. Il fait soleil, mais le vent rafraichit l’air, on est bien. Il faut bien trouver un point positif à ce vent… Nous sommes fatigués de la journée d’hier, et on doit encore pédaler fort pour avancer à contre-vent (ça se dit?) et lentement, entre 5 et 10 km/h… Nous pédalerons encore une fois pendant 5h, mais nous n’irons cette fois pas plus loin que 55 km, à Long Beach au Mississippi. La vue va changer du tout au tout. Nous longerons le Golfe du Mexique. Les vélos peuvent rouler sur le trottoir qui borde l’eau et ses plages de sable blanc. C’est vraiment de toute beauté. Il fera quand même frais, avec le vent et près de l’eau. Il y a beaucoup d’oiseaux, mais nous repérons plus facilement les pélicans gris. Ils sont plus facilement reconnaissables surtout à cause de leur cou et de leur bec. Nous les voyons tourner dans les airs et puis, tout d’un coup, plonger dans l'eau pour happer un poisson. Nous allons aussi toucher à l’eau et... Brrr ! Elle est presque froide ! 


Aujourd’hui, c’est le 23 novembre, jour de l’Action de Grâce américaine. C’est un jour férié très important ici, la plupart des écoles sont fermées pour la semaine ou à partir du mercredi jusqu’au lundi suivant (nous sommes jeudi). On se fait inviter par un couple, qui est sur la plage, à souper avec eux pour la «Thanksgiving». Comme il n’est que 14h, nous les remercions et mais décidons de continuer à pédaler, car nous n’avons parcouru que 35 km jusqu’à date… On arrête notre chemin à une espèce de salle paroissale ouverte, avec des tables à pique-nique et des toilettes. On va se gâter une bouteille de vin à 6$, qui sera très bonne. Comme quoi il ne faut pas toujours se fier au prix pour le goût ;) (par contre c'était un vin à 6% d'alcool...).

On se lève tôt puisqu’il annonce encore des gros vents pour la journée. Vers 7h15 nous sommes prêts à partir, mais on remarque un officier de police qui marche vers nous… Il nous souhaite un «Good morning!» et nous explique, gentiment et en souriant, qu’il a reçu un appel d’une vieille dame qui disait ne pas se sentir en sécurité pour se rendre à son véhicule, puisqu’il y avait des gens, ou plutôt des étrangers, qui se trouvaient dans la salle paroissale et qui déjeunaient. Il nous dit tout cela et qu'il devait venir voir ce qui se passait, mais nous souhaite une bonne journée et nous laisse partir. La journée sera identique aux deux autres, c’est-à-dire un paysage de bord de mer magnifique et un vent de débile qui nous barre la route. Nous traversons deux ponts de quelques miles de long avec une voie cyclable. Après 75 km, nous trouvons refuge derrière une école primaire abandonnée à Orange Groove, à environ 6 km avant la frontière de l’Alabama. C’est assez lugubre, toutes ces classes avec les pupitres et les chaises renversées, la végétation qui prend le dessus sur les bancs extérieurs, les lumières éclatées, les fenêtres placardées avec des panneaux de bois, les graffitis un peu partout… On sera aussi juste à côté (bon, pas tout à fait à côté, mais trop près) du train. François va passer une très mauvaise nuit, car le train va klaxonner très souvent… mais Ariane ne va se rendre compte de rien ! Il va aussi entendre plusieurs coups de feu vers 3h du matin. Cela n'a pas eu l'air de déranger qui que se soit, autre que nous, puisque cela va continuer jusqu'à ce qu'on se lève. 

Le matin du 28 novembre (Ariane fête ses 25 ans ½), on traverse en Alabama, notre 11e état ! C’est festif, à partir de là, il n’y a aucun accotement, yé ! Nous suivons la route la plus près de la côte et nous arrêtons à un kiosque près de la route qui indique «Fruits frais». On se choisit une tomate, un poivron, des patates douces, des kumquats (petites clémentines qu’on mange avec la pelure) et… des satsumas ? Eh bien ce sont des clémentines ! Elles sont délicieuses, car elles sont fraîches cueillies ! Dire qu’au Québec, nos clémentines viennent du Maroc… et il y en a ici, en Alabama. Bref, le tout nous a coûté 3,30$ ! 



Après nous être fait pourchasser par des chiens pas attachés (très dangereux pour des gens en vélo), nous traversons un pont de 5 miles de long, soit 8 km, pour pédaler sur Dauphin Island. Cette île est comme un barrage pour le continent, car il empêche les tempêtes et les ouragans d'atteindre le rivage. Il y a également beaucoup, mais beaucoup de plateforme de rétention pour collecter l'huile (je ne savais pas comment vous expliquer ce que c'était). On peut facilement en compter une vingtaine si on fait un tour complet sur nous-même. Les plateforme sont censées se trouver au minimum à 50 km de la côte, mais elles sont clairement plus près que cela. L’île à été conquise de nombreuses fois par plusieurs colonies : française, anglaise, espagnole, anglaise encore puis américaine. Il y a un nombre incalculable d’oiseaux qui migrent ici et les plages sont à couper le souffle. Oui, une plage, c’est du sable. Mais avec les dunes, le golfe, les oiseaux, les palmiers, les arbres et tout… C'est un paysage magnifique après avoir pédalé entre deux rangées d'arbres, les bayous et les forêts de la Louisiane, on a presque un choc. Nous irons prendre une douche au seul camping de l’île pour la modique somme de 5$, et 2$ pour un lavage et séchage. En attendant le traversier de 15h, nous avons le temps de tout faire cela. Après toutes ces couches de crème solaire, même avec un lavage aux lingettes humides, une douche chaude, ça décrasse. On se rend ensuite au traversier, où nous rencontrons une famille en vacances et dont le père, Louis, va vraiment tripper sur notre voyage. Il nous prend en photos, nous pose mille et une questions et on voit qu’il capote là, il a du fun. Finalement, il va nous raccompagner jusqu’à la maison que lui et sa famille louent pour la durée de leurs vacances qui se trouve à Fort Morgan. Ce sont des cyclistes, alors il a évidemment son vélo avec lui. Ils ont passé la journée à faire du vélo autour de l'île. Et Louis, a’est une bombe sur deux roues. François va ouvrir le vent (eh oui, il vente toujours haha !) et Louis va fermer la marche. Après quelques kilomètres à peine, celui-ci va demander à François s’il peut essayer le monstre (il parle ici du vélo très chargé de François) « Frank, do you mind if I try the monster ? ». Presque de la même taille, ils vont échanger de vélo. Louis va ouvrir la marche et augmenter la cadence de 16 km/h à 26 km/h. Ariane a peine à suivre, c’est la fin de la journée, il est presque 17h donc elle a faim et Louis roule un train d’enfer. François va suivre en arrière, pas de problème il a le vélo de Louis qui n'a aucun bagage, en donnant quelques coups de pédales par-ci, par-là. En arrivant à la maison, 16 km plus tard, Louis va féliciter François, lui donner la main et lui dire qu’il est impressionné que nous ayons parcouru tous ces kilomètres depuis Seattle avec ce poids. Il dit qu’il essayait d’aller le plus vite possible et il ne pouvait pas aller plus vite (une chance !). Il nous lève son chapeau et nous invite à prendre une douche pendant qu’il va acheter à souper : de la pizza ! Famille peu conventionnelle, nous prendrons le thé avec des biscuits et du gâteau avant le souper (puisqu’il n’est pas encore arrivé). Nous jaserons de notre voyage avec les quatre filles de Louis et Ingrid. Nous aurons aussi l’occasion de discuter avec Hamil, le copain d’une des filles. Il est originaire du Bénin, a grandi en Suisse mais étudié en France et est présentement à l’université de Birmingham en Alabama. Il parle Français et nous lui apprennons que ce ne sont pas tous les Canadiens qui parlent les deux langues officielles, soit l’Anglais et le Français. Ce sera une soirée riche en découvertes qui se terminera par une très bonne nuit de sommeil, sur le tapis du salon. 




Le 29 novembre, il fait chaud et le soleil tape fort... C'est parce qu'on traverse en Floride ! C'est notre 12e et dernier état ! C'est, en quelque sorte, une étape importante que nous franchissons. Pour la première fois, nous nous cuisinerons un dîner sur le réchaud. Puisque nous n'avons pas mangé la dernière portion de notre tofu hier soir, nous devons le manger aujourd'hui. Le ventre plein, nous traversons encore un pont qui sera, cette fois, long  de 5km. Nous établissons notre campement à Gulf Breeze, une ville bien condensée sur un petit bout d'île. Nous montons la tente derrière une église, dans un espèce de sentier, à travers un jungle floridienne. Il fait super chaud, super humide et ce sera une des nuits les plus chaudes que nous aurons connues.


Au matin, il y a tellement de rosée qu'on dirait qu'il a plut durant la nuit. Nous pourrons rouler assez vite puisque nous aurons une moyenne de 17,1 km/h. En Floride, il y a une voie cyclable qui borde presque toutes les routes. C'est l'état le plus «bike friendly» dans lequel nous pédalons. Il y a aussi des lianes sur le bord des routes et elles sont glissantes... D'ailleurs, Ariane va rouler sur l'une d'entre elles et prendre une petite débarque. Elle va briser une de ses sacoches, mais rien de grave puisqu'elles sont encore imperméables. Pas de trou irréparable. Quelques égratignures sur l'épaule, le coude, le genou et les orteils (on roule en sandales, enfin !). Ce n'est qu'un petit rappel d'être prudents. Un peu plus loin, on voit la plage et la golfe du Mexique. La plage est d'un sable blanc, mais à perte de vue. Les villes que nous traversons sont ultra touristiques et comme c'est la saison morte (c'est l'hiver ici aussi), il n'y a pas un chat nul part. Parfait pour une petite baignade ! Et hop ! Les quelques pruneaux de plage qui se prélassent au soleil nous regardent avec un air ahurit et nous disent : « c'est bien trop froid, vous devez venir du nord pour trouver l'eau chaude ! ». Hahaha ! L'eau était chaude et tellement agréable à se baigner. Il y avait des belles vagues et on s'amusait à y plonger, sauter, nager... Wow, quel moment ! Cela faisait depuis le parc national de Zion, en Utah, que nous ne nous étions pas baignés !



Après 97 km, nous tentons à côté d'une roulotte à Santa Rosa. Le lendemain, c'est le 1er décembre :) Ce sera une très belle journée sur le bord de la plage et de l'eau. Arrivés à Panama City... c'est le bordel. Plus d'accotement, on roule en ville et il est 15h30. Il y a beaucoup de voitures qui roulent (trop) vite et nous, on veut juste traverser la ville et se chercher un endroit où camper. Non seulement on ne trouve rien, mais c'est une assez grosse ville. Partout il y a des maisons et ce serait trop bruyant, si près des routes. On demande à une église si on ne peut pas, par hasard, installer notre tente sur leur pelouse. Ils nous répondent que non, car la police vient souvent faire un tour près des églises pour chasser les sans-abris qui dorment sur le perron. Super... Il est presque 17h, il commence à faire noir et si on décide de continuer, on doit traverser un pont pas très sécuritaire. On le fait pareil, car si on ne le traverse pas, on est coincé dans cette endroit. De l'autre côté du pont, nous avons une mauvaise surprise : c'est une base militaire aérienne. On ne peut pas dormir sur la base, sauf si nous sommes militaire et encore, américains. COOL ! On décide de pousser jusqu'à la fin de la base. Mais il fait noir, très noir. L'accotement est correct, et la base semble interminable. On sait qu'on y est encore, puisqu'il y a des clôtures partout et des pancartes «Warning» et «No Trespassing» sur la pelouse bien tondue. Affamés, on s'arrête manger une barre énergisante et on repart. Finalement, après 109 km et 7h de vélo, on parvient à Mexico Beach. C'est une ville de retraités, cela veut dire : on ne campe pas n'importe où à la vue. Et même si on trouve un endroit caché, on ne doit pas voir nos lumières de frontales. Cela fait beaucoup de restrictions lorsqu'arrive le temps de chercher une place qui n'a pas de fourmis rouges, dites «fire ant», pas de cactus au sol (bien qu'ils soient rendus rare par ici), pas d'excréments d'animaux (on apprend de nos erreurs) et un sol relativement plat (on doit très mal sur un sol en pente). On décide de se faire à souper sur une table à pique-nique près de l'eau. Il y a une douche à aire ouverte pour les baigneurs qui veulent retirer le sel sur eux après s'être trempés dans le golfe. On prend une mini douche au su et à la vue de tous, mais il fait noir et personne n'est dehors (tant mieux hihi). Après la douche, le souper et la vaisselle, on se dirige à l'arrière de l'église que nous avions repéré plus tôt (les églises font des très bons endroits pour dormir !). On allume seulement nos lumières rouges, moins visibles et on monte la tente en deux temps trois mouvements.

Notre nuit sera tout simplement é-pou-van-ta-ble. Clairement la plus chaude de toutes, haut la main. La chaleur en était écoeurante, c'était humide et bruyant. La tente sera mouillée à cause de la rosée, mais il va aussi pleuvoir par intervalles pendant toute la journée. Au moins on sentira l'humidité tomber un peu. Vers 16h, le soleil va sortir et nous faire sécher un peu. Il est 1h plus tard car nous avons avancé l'heure. Après 100 km, on est à Carrabelle. On roule tranquillement sur la route et on entend quelqu'un nous saluer. On s'arrête pour placoter un peu et demander à la madame où on pourrait se tenter. Finalement, on lui demande si on ne peut pas installer notre tente sur son terrain, se serait moins compliqué... Elle nous demande de patienter pendant qu'elle va demander à son mari s'il n'y pas voit d'inconvénient. Elle revient et nous propose de dormir à l'intérieur. Ils louent le rez-de-chaussé en saison haute, mais comme nous sommes un mercredi de décembre, c'est libre. Nous pourrons donc faire sécher la tente sur le balcon, faire un lavage, prendre une douche et dormir dans un lit !

Nous croiserons Mark, le mari, le lendemain matin tout juste avant de partir. Il se trouve qu'il a déjà fait des voyages de vélo et il était bien content de pouvoir nous dépanner pour une nuit. Il se souvient très bien comment les gens avaient été aimables à son endroit lorsqu'il a fait le tour de la Nouvelle-Écosse et comme nous sommes du Canada... Il a voulu nous offrir ce petit luxe.
Nous fêtons notre 7000e km ce jour-là, youpi ! Après 5h40 de vélo, on trouve difficilement une place sèche pour se tenter. Nous avons quitté le bord de l'eau et nous sommes entourés d'arbres et tout semble inondé. On se fait même mettre en garde contre les ours... Les ours ? En Floride ? Ça hiberne pas un ours ? Eh bien, pas en Floride. C'est moins actif durant l'hiver, mais nous devons tout de même faire attention pour ne pas laisser de la nourriture autour de la tente, par exemple (évidemment hihi).



On emprunte une «route» qui semble aller loin dans la forêt et on tombe sur un endroit parfait ! Après cette journée de 91 km qui sera assez froide (le mercure n'a pas dépassé 15 °C), nous prenons un thé avant de nous coucher. On dort beaucoup mieux à cette température !

Le vendredi 4 décembre, on parcourt 103 km, malgré un manque de motivation. Cela nous arrive de temps à autre... Plus on arrive vers la fin, plus on a hâte de terminer j'imagine. Bref, nous arrêterons faire l'épicerie et nous aurons un superbe vent de dos en repartant ! On en profite et finalement, nous dormons à l'arrière d'un stade de baseball. Il y en a tellement des stades de baseball aux États-Unis, mais celui-ci est particulier. Il est entièrement clôturé. On trouve une porte ouverte, on entre et on se tente à l'arrière, à l'abri.
Par contre, au matin, c'est samedi. Il n'y a pas d'école (le stade de baseball est sur le terrain d'une école secondaire). Parfait, on peut se lever à l'heure qu'on veut et ne pas se presser. Mais lorsqu'on arrive pour sortir... la porte de la clôture est barrée. Et elle est haute. Heuuuu... On fait quoi, là ? On est pas censé être là. Il est 7h30 un samedi matin. On rit un peut jaune, et on change de direction pour essayer de trouver un endroit sans clôture. Par une énorme chance, une porte est ouverte (!!!!). On se dépêche de traverser la grille, de peur qu'on ne puisse plus sortir (on ne sait jamais avec les américains, peut-être qu'elle est téléguidée à distance). On arrête près d'une fast-food (près, pas dedans. On veut juste utiliser leur Internet gratuit, pas manger leur nourriture) et on regarde le chemin. Passe-t-on par la côte est, ouest ou par les terres au centre de la Floride ? C'est plus long par la côte est et c'est très touristique et habité, donc difficile de se camper gratuitement. Et la ville en vélo... bof. La côte ouest est moins touristique, mais habitée elle-aussi et nous devons passer à travers la ville de Tampa. Finalement, on décide de couper ça court et de passer par les terres. 

On va arrêter acheter un peu de nourriture et un monsieur va nous dire : « Be careful». Beaucoup de gens nous disent cela et «Safe travel». Mais cette journée-là, ça nous tentait pas de placoter. Alors François lui répond : «Be careful of what ?». Et là réponse va nous déranger. Oui, en traversant les États-Unis on a rencontré une tonne de gens très différents les uns des autres. Nous avions des stéréotypes et des préjugés sur les américains. Individuellement, ils ont été vraiment gentils et prévenant. Mais la réponse de ce monsieur va nous amener à voir ce pays avec un oeil d'ensemble. Il va nous répondre : «Be careful of mean people». Dans le sud des États-Unis, c'est plus fréquent de voir des maisons avec un, deux ou trois chiens de garde qui jappent après tout ce qui passe. Leur terrain est clôturé avec un cadenas à clé et ils ont un système d'alarme. Ils n'embarquent pas de gens sur le pouce, de peur qu'ils aient une arme à feu et qu'ils se fassent attaquer. Ils semblent avoir peur d'eux-même. Au Québec... nous ne pensons pas de cette façon. Cela nous a déplu qu'il nous dise cela. C'est écrit dans le front des gens qu'ils sont méchants ? C'est quoi une personne méchante ? On est en vélo, on dort dans une tente un peu n'importe où et personne ne nous a jamais dérangé ! Bref, on va quitter l'épicerie et on aura un bon moment de réflexion sur notre vélo à ce propos. Mais tout cela, ce n'est que notre opinion. 

On se rendra un peu plus loin à un dépanneur pour s'acheter un breuvage froid, il fait vraiment chaud. Le propriétaire du dépanneur, un immigrant du Bangladesh, sera tellement impressionné par notre voyage qu'il va venir s'asseoir avec nous pendant qu'on dîne. Il nous posera un tas de questions sur notre voyage, notre budget, comment on dort, comment on mange, comment on trouve les États-Unis, etc. Il va aussi nous parler de son pays, des différences avec ici. Ce sera une conversation d'environ 45 minutes qui nous plaira beaucoup. Tout à fait différente avec celle du monsieur à l'épicerie et combien plu agréable. Avant de quitter, il va nous donner un sac plein de «dry food». Le sac sera plein de desserts, de chocolat et de gâteaux hahaha ! On ne mange pas vraiment sucré ces derniers temps, mais là, on va se gâter avant que tout cela ne fonde ;) Un peu plus loin, on arrête à un kiosque de fruits frais et on collationne des oranges dé-li-cieuses. On va aussi voir un verger d'orangers et un distributeur de «citrus».




Après avoir traversé la ville de Dade City, on ne trouve pas d'endroit où camper. Tout appartient à quelqu'un ici. Cela fait 97 km que nous roulons et on commence à avoir envie d'une pause. Encore ? Oui, le soleil est fort. On va rencontrer une famille qui est dehors en train de poser des lumières de Noël et on va leur demander si on ne peut pas monter la tente sur leur terrain. Diana va dire oui, elle nous amène à l'arrière, très contente de pouvoir nous aider. Nous qui voulions se tenter discrètement et ne pas déranger, les enfants viennent nous parler, nous posent des questions et Diana va nous inviter à nous laver et à venir cuisiner à l'intérieur. On va boire une bouteille de vin avec elle (il sera tellement bon, on va le prendre en photo pour essayer d'en retrouver. Il vient de la Californie) et nous passerons une très agréable soirée. Diana vient de Puerto Rico et parle Espagnol. Elle a apprit l'Anglais lorsqu'elle était au secondaire, alors elle comprend très bien que notre Anglais ne soit pas parfait. Elle nous invite à dormir à l'intérieur, mais comme la tente est déjà montée, on va dormir dehors.


Mauvaise décision. La nuit fut chaude et on va se faire réveiller par un coq ! Il y en a partout des coqs, par ici ! Diana ne veut pas qu'on quitte sans qu'elle nous ait préparé à déjeuner. On se lève et cela sent tellement bon le bacon... Miammm on va en manger avec des patates au fromage, des oeufs brouillés et des rôties à la confiture, avec du café un du jus d'orange. Un festin quoi ! On quitte cette belle famille à 9h15 et nous aurons une belle journée chaude avec un petit vent qui nous rafraîchit. Nous aurons une moyenne de 18,8 km/h, wow ! Nous arrêtons à Bowling Green (oui oui, Quille Verte haha) après 93 km. Nous fêtons aussi notre 100e journée de voyage ! Nous établirons le campement à côté d'une église après avoir reçu l'approbation du curé.

Nous serons réveillés par les chiens des environs qui feront un concert de jappement la majorité de la nuit -_- On va avoir de la misère à se lever ce matin-là. On se réveille à 8h et pour nous, c'est tard ! Et pour nous aider, nous aurons un vent de dos qui va nous pousser plus loin que prévu...jusqu'à Fort Myers ! Notre vitesse moyenne sera de 23,2 km/h et nous pédalerons 123 km en 5h. Nous allons dormir chez la tante d'Ariane. Ce sera des retrouvailles, parce que cela fera environ deux ans qu'elles ne se seront pas vues :) Nous prendrons une journée de repos pour faire du lavage, refaire nos sacoches et nous reposer. Nous allons également alléger nos sacoches et laisser du matériel superflu pour le restant du voyage. Comme, par exemple, la doudoune, du linge chaud, l'ordinateur et autre matériel que nous utilisons moins pour l'assaut final.

Demain, nous repartons pour terminer notre voyage d'un océan à l'autre, du pacifique à l'atlantique. Sauf qu'au lieu de nous rendre à Miami... nous avons décidé de nous rendre à Key West, le point le plus au sud des États-Unis. Il annonce très chaud et ensoleillé.


Malgré le manque de neige, ici les palmiers sont décorés de lumières de Noël et ils ajoutent des sapins artificiels avec des boules et l'ambiance des fêtes est assez étrange, avec les plages et les températures chaudes !