mardi 8 décembre 2015

Plages à l'horizon - Km 6269 à 7452

Après une journée de congé passée à écrire le blogue et à visiter, nous nous sommes couchés assez tard, vers une heure du matin. Le cadran a semblé sonné trop tôt, nous nous levons un peu maganés et fatigués hihi. On dit au revoir à Régina et on va faire l’épicerie avant de quitter la magnifique Nouvelle-Orléans. Nous empruntons la route 90, assez tranquille, qui se dirige vers le nord-est et qui nous mènera à travers plusieurs bayous. Nous devons traverser quelques ponts qui sont plutôt étroits. Regardez la photo où Ariane est sur le pont. Les voitures se tassent un peu et ne ralentissent presque pas. Mais pourquoi elle ne roule pas sur l'accotement ? Eh bien, vous voyez cette petite tache bleue un peu plus loin ? On ne voit pas très bien ce que c'est, mais en vélo on en veut pas prendre la chance de rouler par-dessus. On ne se souvient pas c'était quoi, probablement un morceau de pare-choc de voiture ou autre. Bref, on ne sait jamais ce que cela peut être. Et donc, les ponts sont les portions de route les moins agréables à traverser et souvent les plus dangereuses. En plus, il n'y avait pas beaucoup de traffic sur cette route... Heureusement ! Nous avons une superbe vue sur le lac Borgne (nous ne sommes pas encore dans le golfe du Mexique) et les maisons sur pilotis. Elles ont toutes été reconstruites après l’ouragan Katrina qui les a dévastées en 2005. Certaines maisons sont vraiment hautes, d’autres un peu moins. Les autos sont stationnées en dessous des maisons. Cela doit coûter assez cher d’assurances vivre-là…




Nous avons aussi un énorme vent de face qui nous ralenti terriblement. Les vents doivent varier entre 25 et 45 km/h avec des rafales encore plus rapides, dépassant les 50 km/h. Nous pédalons pendant 5h et nous ne faisons que 66 km, mais assez pour traverser au Mississippi, notre 10e état ! Nous dormons à Pearlington, une très petite ville. Nous trouvons un petit bout de terrain derrière la caserne de pompiers. Ce ne sera pas trop long nous endormir…


La journée suivante ne nous donne pas de répit, le vent est toujours aussi féroce. Il fait soleil, mais le vent rafraichit l’air, on est bien. Il faut bien trouver un point positif à ce vent… Nous sommes fatigués de la journée d’hier, et on doit encore pédaler fort pour avancer à contre-vent (ça se dit?) et lentement, entre 5 et 10 km/h… Nous pédalerons encore une fois pendant 5h, mais nous n’irons cette fois pas plus loin que 55 km, à Long Beach au Mississippi. La vue va changer du tout au tout. Nous longerons le Golfe du Mexique. Les vélos peuvent rouler sur le trottoir qui borde l’eau et ses plages de sable blanc. C’est vraiment de toute beauté. Il fera quand même frais, avec le vent et près de l’eau. Il y a beaucoup d’oiseaux, mais nous repérons plus facilement les pélicans gris. Ils sont plus facilement reconnaissables surtout à cause de leur cou et de leur bec. Nous les voyons tourner dans les airs et puis, tout d’un coup, plonger dans l'eau pour happer un poisson. Nous allons aussi toucher à l’eau et... Brrr ! Elle est presque froide ! 


Aujourd’hui, c’est le 23 novembre, jour de l’Action de Grâce américaine. C’est un jour férié très important ici, la plupart des écoles sont fermées pour la semaine ou à partir du mercredi jusqu’au lundi suivant (nous sommes jeudi). On se fait inviter par un couple, qui est sur la plage, à souper avec eux pour la «Thanksgiving». Comme il n’est que 14h, nous les remercions et mais décidons de continuer à pédaler, car nous n’avons parcouru que 35 km jusqu’à date… On arrête notre chemin à une espèce de salle paroissale ouverte, avec des tables à pique-nique et des toilettes. On va se gâter une bouteille de vin à 6$, qui sera très bonne. Comme quoi il ne faut pas toujours se fier au prix pour le goût ;) (par contre c'était un vin à 6% d'alcool...).

On se lève tôt puisqu’il annonce encore des gros vents pour la journée. Vers 7h15 nous sommes prêts à partir, mais on remarque un officier de police qui marche vers nous… Il nous souhaite un «Good morning!» et nous explique, gentiment et en souriant, qu’il a reçu un appel d’une vieille dame qui disait ne pas se sentir en sécurité pour se rendre à son véhicule, puisqu’il y avait des gens, ou plutôt des étrangers, qui se trouvaient dans la salle paroissale et qui déjeunaient. Il nous dit tout cela et qu'il devait venir voir ce qui se passait, mais nous souhaite une bonne journée et nous laisse partir. La journée sera identique aux deux autres, c’est-à-dire un paysage de bord de mer magnifique et un vent de débile qui nous barre la route. Nous traversons deux ponts de quelques miles de long avec une voie cyclable. Après 75 km, nous trouvons refuge derrière une école primaire abandonnée à Orange Groove, à environ 6 km avant la frontière de l’Alabama. C’est assez lugubre, toutes ces classes avec les pupitres et les chaises renversées, la végétation qui prend le dessus sur les bancs extérieurs, les lumières éclatées, les fenêtres placardées avec des panneaux de bois, les graffitis un peu partout… On sera aussi juste à côté (bon, pas tout à fait à côté, mais trop près) du train. François va passer une très mauvaise nuit, car le train va klaxonner très souvent… mais Ariane ne va se rendre compte de rien ! Il va aussi entendre plusieurs coups de feu vers 3h du matin. Cela n'a pas eu l'air de déranger qui que se soit, autre que nous, puisque cela va continuer jusqu'à ce qu'on se lève. 

Le matin du 28 novembre (Ariane fête ses 25 ans ½), on traverse en Alabama, notre 11e état ! C’est festif, à partir de là, il n’y a aucun accotement, yé ! Nous suivons la route la plus près de la côte et nous arrêtons à un kiosque près de la route qui indique «Fruits frais». On se choisit une tomate, un poivron, des patates douces, des kumquats (petites clémentines qu’on mange avec la pelure) et… des satsumas ? Eh bien ce sont des clémentines ! Elles sont délicieuses, car elles sont fraîches cueillies ! Dire qu’au Québec, nos clémentines viennent du Maroc… et il y en a ici, en Alabama. Bref, le tout nous a coûté 3,30$ ! 



Après nous être fait pourchasser par des chiens pas attachés (très dangereux pour des gens en vélo), nous traversons un pont de 5 miles de long, soit 8 km, pour pédaler sur Dauphin Island. Cette île est comme un barrage pour le continent, car il empêche les tempêtes et les ouragans d'atteindre le rivage. Il y a également beaucoup, mais beaucoup de plateforme de rétention pour collecter l'huile (je ne savais pas comment vous expliquer ce que c'était). On peut facilement en compter une vingtaine si on fait un tour complet sur nous-même. Les plateforme sont censées se trouver au minimum à 50 km de la côte, mais elles sont clairement plus près que cela. L’île à été conquise de nombreuses fois par plusieurs colonies : française, anglaise, espagnole, anglaise encore puis américaine. Il y a un nombre incalculable d’oiseaux qui migrent ici et les plages sont à couper le souffle. Oui, une plage, c’est du sable. Mais avec les dunes, le golfe, les oiseaux, les palmiers, les arbres et tout… C'est un paysage magnifique après avoir pédalé entre deux rangées d'arbres, les bayous et les forêts de la Louisiane, on a presque un choc. Nous irons prendre une douche au seul camping de l’île pour la modique somme de 5$, et 2$ pour un lavage et séchage. En attendant le traversier de 15h, nous avons le temps de tout faire cela. Après toutes ces couches de crème solaire, même avec un lavage aux lingettes humides, une douche chaude, ça décrasse. On se rend ensuite au traversier, où nous rencontrons une famille en vacances et dont le père, Louis, va vraiment tripper sur notre voyage. Il nous prend en photos, nous pose mille et une questions et on voit qu’il capote là, il a du fun. Finalement, il va nous raccompagner jusqu’à la maison que lui et sa famille louent pour la durée de leurs vacances qui se trouve à Fort Morgan. Ce sont des cyclistes, alors il a évidemment son vélo avec lui. Ils ont passé la journée à faire du vélo autour de l'île. Et Louis, a’est une bombe sur deux roues. François va ouvrir le vent (eh oui, il vente toujours haha !) et Louis va fermer la marche. Après quelques kilomètres à peine, celui-ci va demander à François s’il peut essayer le monstre (il parle ici du vélo très chargé de François) « Frank, do you mind if I try the monster ? ». Presque de la même taille, ils vont échanger de vélo. Louis va ouvrir la marche et augmenter la cadence de 16 km/h à 26 km/h. Ariane a peine à suivre, c’est la fin de la journée, il est presque 17h donc elle a faim et Louis roule un train d’enfer. François va suivre en arrière, pas de problème il a le vélo de Louis qui n'a aucun bagage, en donnant quelques coups de pédales par-ci, par-là. En arrivant à la maison, 16 km plus tard, Louis va féliciter François, lui donner la main et lui dire qu’il est impressionné que nous ayons parcouru tous ces kilomètres depuis Seattle avec ce poids. Il dit qu’il essayait d’aller le plus vite possible et il ne pouvait pas aller plus vite (une chance !). Il nous lève son chapeau et nous invite à prendre une douche pendant qu’il va acheter à souper : de la pizza ! Famille peu conventionnelle, nous prendrons le thé avec des biscuits et du gâteau avant le souper (puisqu’il n’est pas encore arrivé). Nous jaserons de notre voyage avec les quatre filles de Louis et Ingrid. Nous aurons aussi l’occasion de discuter avec Hamil, le copain d’une des filles. Il est originaire du Bénin, a grandi en Suisse mais étudié en France et est présentement à l’université de Birmingham en Alabama. Il parle Français et nous lui apprennons que ce ne sont pas tous les Canadiens qui parlent les deux langues officielles, soit l’Anglais et le Français. Ce sera une soirée riche en découvertes qui se terminera par une très bonne nuit de sommeil, sur le tapis du salon. 




Le 29 novembre, il fait chaud et le soleil tape fort... C'est parce qu'on traverse en Floride ! C'est notre 12e et dernier état ! C'est, en quelque sorte, une étape importante que nous franchissons. Pour la première fois, nous nous cuisinerons un dîner sur le réchaud. Puisque nous n'avons pas mangé la dernière portion de notre tofu hier soir, nous devons le manger aujourd'hui. Le ventre plein, nous traversons encore un pont qui sera, cette fois, long  de 5km. Nous établissons notre campement à Gulf Breeze, une ville bien condensée sur un petit bout d'île. Nous montons la tente derrière une église, dans un espèce de sentier, à travers un jungle floridienne. Il fait super chaud, super humide et ce sera une des nuits les plus chaudes que nous aurons connues.


Au matin, il y a tellement de rosée qu'on dirait qu'il a plut durant la nuit. Nous pourrons rouler assez vite puisque nous aurons une moyenne de 17,1 km/h. En Floride, il y a une voie cyclable qui borde presque toutes les routes. C'est l'état le plus «bike friendly» dans lequel nous pédalons. Il y a aussi des lianes sur le bord des routes et elles sont glissantes... D'ailleurs, Ariane va rouler sur l'une d'entre elles et prendre une petite débarque. Elle va briser une de ses sacoches, mais rien de grave puisqu'elles sont encore imperméables. Pas de trou irréparable. Quelques égratignures sur l'épaule, le coude, le genou et les orteils (on roule en sandales, enfin !). Ce n'est qu'un petit rappel d'être prudents. Un peu plus loin, on voit la plage et la golfe du Mexique. La plage est d'un sable blanc, mais à perte de vue. Les villes que nous traversons sont ultra touristiques et comme c'est la saison morte (c'est l'hiver ici aussi), il n'y a pas un chat nul part. Parfait pour une petite baignade ! Et hop ! Les quelques pruneaux de plage qui se prélassent au soleil nous regardent avec un air ahurit et nous disent : « c'est bien trop froid, vous devez venir du nord pour trouver l'eau chaude ! ». Hahaha ! L'eau était chaude et tellement agréable à se baigner. Il y avait des belles vagues et on s'amusait à y plonger, sauter, nager... Wow, quel moment ! Cela faisait depuis le parc national de Zion, en Utah, que nous ne nous étions pas baignés !



Après 97 km, nous tentons à côté d'une roulotte à Santa Rosa. Le lendemain, c'est le 1er décembre :) Ce sera une très belle journée sur le bord de la plage et de l'eau. Arrivés à Panama City... c'est le bordel. Plus d'accotement, on roule en ville et il est 15h30. Il y a beaucoup de voitures qui roulent (trop) vite et nous, on veut juste traverser la ville et se chercher un endroit où camper. Non seulement on ne trouve rien, mais c'est une assez grosse ville. Partout il y a des maisons et ce serait trop bruyant, si près des routes. On demande à une église si on ne peut pas, par hasard, installer notre tente sur leur pelouse. Ils nous répondent que non, car la police vient souvent faire un tour près des églises pour chasser les sans-abris qui dorment sur le perron. Super... Il est presque 17h, il commence à faire noir et si on décide de continuer, on doit traverser un pont pas très sécuritaire. On le fait pareil, car si on ne le traverse pas, on est coincé dans cette endroit. De l'autre côté du pont, nous avons une mauvaise surprise : c'est une base militaire aérienne. On ne peut pas dormir sur la base, sauf si nous sommes militaire et encore, américains. COOL ! On décide de pousser jusqu'à la fin de la base. Mais il fait noir, très noir. L'accotement est correct, et la base semble interminable. On sait qu'on y est encore, puisqu'il y a des clôtures partout et des pancartes «Warning» et «No Trespassing» sur la pelouse bien tondue. Affamés, on s'arrête manger une barre énergisante et on repart. Finalement, après 109 km et 7h de vélo, on parvient à Mexico Beach. C'est une ville de retraités, cela veut dire : on ne campe pas n'importe où à la vue. Et même si on trouve un endroit caché, on ne doit pas voir nos lumières de frontales. Cela fait beaucoup de restrictions lorsqu'arrive le temps de chercher une place qui n'a pas de fourmis rouges, dites «fire ant», pas de cactus au sol (bien qu'ils soient rendus rare par ici), pas d'excréments d'animaux (on apprend de nos erreurs) et un sol relativement plat (on doit très mal sur un sol en pente). On décide de se faire à souper sur une table à pique-nique près de l'eau. Il y a une douche à aire ouverte pour les baigneurs qui veulent retirer le sel sur eux après s'être trempés dans le golfe. On prend une mini douche au su et à la vue de tous, mais il fait noir et personne n'est dehors (tant mieux hihi). Après la douche, le souper et la vaisselle, on se dirige à l'arrière de l'église que nous avions repéré plus tôt (les églises font des très bons endroits pour dormir !). On allume seulement nos lumières rouges, moins visibles et on monte la tente en deux temps trois mouvements.

Notre nuit sera tout simplement é-pou-van-ta-ble. Clairement la plus chaude de toutes, haut la main. La chaleur en était écoeurante, c'était humide et bruyant. La tente sera mouillée à cause de la rosée, mais il va aussi pleuvoir par intervalles pendant toute la journée. Au moins on sentira l'humidité tomber un peu. Vers 16h, le soleil va sortir et nous faire sécher un peu. Il est 1h plus tard car nous avons avancé l'heure. Après 100 km, on est à Carrabelle. On roule tranquillement sur la route et on entend quelqu'un nous saluer. On s'arrête pour placoter un peu et demander à la madame où on pourrait se tenter. Finalement, on lui demande si on ne peut pas installer notre tente sur son terrain, se serait moins compliqué... Elle nous demande de patienter pendant qu'elle va demander à son mari s'il n'y pas voit d'inconvénient. Elle revient et nous propose de dormir à l'intérieur. Ils louent le rez-de-chaussé en saison haute, mais comme nous sommes un mercredi de décembre, c'est libre. Nous pourrons donc faire sécher la tente sur le balcon, faire un lavage, prendre une douche et dormir dans un lit !

Nous croiserons Mark, le mari, le lendemain matin tout juste avant de partir. Il se trouve qu'il a déjà fait des voyages de vélo et il était bien content de pouvoir nous dépanner pour une nuit. Il se souvient très bien comment les gens avaient été aimables à son endroit lorsqu'il a fait le tour de la Nouvelle-Écosse et comme nous sommes du Canada... Il a voulu nous offrir ce petit luxe.
Nous fêtons notre 7000e km ce jour-là, youpi ! Après 5h40 de vélo, on trouve difficilement une place sèche pour se tenter. Nous avons quitté le bord de l'eau et nous sommes entourés d'arbres et tout semble inondé. On se fait même mettre en garde contre les ours... Les ours ? En Floride ? Ça hiberne pas un ours ? Eh bien, pas en Floride. C'est moins actif durant l'hiver, mais nous devons tout de même faire attention pour ne pas laisser de la nourriture autour de la tente, par exemple (évidemment hihi).



On emprunte une «route» qui semble aller loin dans la forêt et on tombe sur un endroit parfait ! Après cette journée de 91 km qui sera assez froide (le mercure n'a pas dépassé 15 °C), nous prenons un thé avant de nous coucher. On dort beaucoup mieux à cette température !

Le vendredi 4 décembre, on parcourt 103 km, malgré un manque de motivation. Cela nous arrive de temps à autre... Plus on arrive vers la fin, plus on a hâte de terminer j'imagine. Bref, nous arrêterons faire l'épicerie et nous aurons un superbe vent de dos en repartant ! On en profite et finalement, nous dormons à l'arrière d'un stade de baseball. Il y en a tellement des stades de baseball aux États-Unis, mais celui-ci est particulier. Il est entièrement clôturé. On trouve une porte ouverte, on entre et on se tente à l'arrière, à l'abri.
Par contre, au matin, c'est samedi. Il n'y a pas d'école (le stade de baseball est sur le terrain d'une école secondaire). Parfait, on peut se lever à l'heure qu'on veut et ne pas se presser. Mais lorsqu'on arrive pour sortir... la porte de la clôture est barrée. Et elle est haute. Heuuuu... On fait quoi, là ? On est pas censé être là. Il est 7h30 un samedi matin. On rit un peut jaune, et on change de direction pour essayer de trouver un endroit sans clôture. Par une énorme chance, une porte est ouverte (!!!!). On se dépêche de traverser la grille, de peur qu'on ne puisse plus sortir (on ne sait jamais avec les américains, peut-être qu'elle est téléguidée à distance). On arrête près d'une fast-food (près, pas dedans. On veut juste utiliser leur Internet gratuit, pas manger leur nourriture) et on regarde le chemin. Passe-t-on par la côte est, ouest ou par les terres au centre de la Floride ? C'est plus long par la côte est et c'est très touristique et habité, donc difficile de se camper gratuitement. Et la ville en vélo... bof. La côte ouest est moins touristique, mais habitée elle-aussi et nous devons passer à travers la ville de Tampa. Finalement, on décide de couper ça court et de passer par les terres. 

On va arrêter acheter un peu de nourriture et un monsieur va nous dire : « Be careful». Beaucoup de gens nous disent cela et «Safe travel». Mais cette journée-là, ça nous tentait pas de placoter. Alors François lui répond : «Be careful of what ?». Et là réponse va nous déranger. Oui, en traversant les États-Unis on a rencontré une tonne de gens très différents les uns des autres. Nous avions des stéréotypes et des préjugés sur les américains. Individuellement, ils ont été vraiment gentils et prévenant. Mais la réponse de ce monsieur va nous amener à voir ce pays avec un oeil d'ensemble. Il va nous répondre : «Be careful of mean people». Dans le sud des États-Unis, c'est plus fréquent de voir des maisons avec un, deux ou trois chiens de garde qui jappent après tout ce qui passe. Leur terrain est clôturé avec un cadenas à clé et ils ont un système d'alarme. Ils n'embarquent pas de gens sur le pouce, de peur qu'ils aient une arme à feu et qu'ils se fassent attaquer. Ils semblent avoir peur d'eux-même. Au Québec... nous ne pensons pas de cette façon. Cela nous a déplu qu'il nous dise cela. C'est écrit dans le front des gens qu'ils sont méchants ? C'est quoi une personne méchante ? On est en vélo, on dort dans une tente un peu n'importe où et personne ne nous a jamais dérangé ! Bref, on va quitter l'épicerie et on aura un bon moment de réflexion sur notre vélo à ce propos. Mais tout cela, ce n'est que notre opinion. 

On se rendra un peu plus loin à un dépanneur pour s'acheter un breuvage froid, il fait vraiment chaud. Le propriétaire du dépanneur, un immigrant du Bangladesh, sera tellement impressionné par notre voyage qu'il va venir s'asseoir avec nous pendant qu'on dîne. Il nous posera un tas de questions sur notre voyage, notre budget, comment on dort, comment on mange, comment on trouve les États-Unis, etc. Il va aussi nous parler de son pays, des différences avec ici. Ce sera une conversation d'environ 45 minutes qui nous plaira beaucoup. Tout à fait différente avec celle du monsieur à l'épicerie et combien plu agréable. Avant de quitter, il va nous donner un sac plein de «dry food». Le sac sera plein de desserts, de chocolat et de gâteaux hahaha ! On ne mange pas vraiment sucré ces derniers temps, mais là, on va se gâter avant que tout cela ne fonde ;) Un peu plus loin, on arrête à un kiosque de fruits frais et on collationne des oranges dé-li-cieuses. On va aussi voir un verger d'orangers et un distributeur de «citrus».




Après avoir traversé la ville de Dade City, on ne trouve pas d'endroit où camper. Tout appartient à quelqu'un ici. Cela fait 97 km que nous roulons et on commence à avoir envie d'une pause. Encore ? Oui, le soleil est fort. On va rencontrer une famille qui est dehors en train de poser des lumières de Noël et on va leur demander si on ne peut pas monter la tente sur leur terrain. Diana va dire oui, elle nous amène à l'arrière, très contente de pouvoir nous aider. Nous qui voulions se tenter discrètement et ne pas déranger, les enfants viennent nous parler, nous posent des questions et Diana va nous inviter à nous laver et à venir cuisiner à l'intérieur. On va boire une bouteille de vin avec elle (il sera tellement bon, on va le prendre en photo pour essayer d'en retrouver. Il vient de la Californie) et nous passerons une très agréable soirée. Diana vient de Puerto Rico et parle Espagnol. Elle a apprit l'Anglais lorsqu'elle était au secondaire, alors elle comprend très bien que notre Anglais ne soit pas parfait. Elle nous invite à dormir à l'intérieur, mais comme la tente est déjà montée, on va dormir dehors.


Mauvaise décision. La nuit fut chaude et on va se faire réveiller par un coq ! Il y en a partout des coqs, par ici ! Diana ne veut pas qu'on quitte sans qu'elle nous ait préparé à déjeuner. On se lève et cela sent tellement bon le bacon... Miammm on va en manger avec des patates au fromage, des oeufs brouillés et des rôties à la confiture, avec du café un du jus d'orange. Un festin quoi ! On quitte cette belle famille à 9h15 et nous aurons une belle journée chaude avec un petit vent qui nous rafraîchit. Nous aurons une moyenne de 18,8 km/h, wow ! Nous arrêtons à Bowling Green (oui oui, Quille Verte haha) après 93 km. Nous fêtons aussi notre 100e journée de voyage ! Nous établirons le campement à côté d'une église après avoir reçu l'approbation du curé.

Nous serons réveillés par les chiens des environs qui feront un concert de jappement la majorité de la nuit -_- On va avoir de la misère à se lever ce matin-là. On se réveille à 8h et pour nous, c'est tard ! Et pour nous aider, nous aurons un vent de dos qui va nous pousser plus loin que prévu...jusqu'à Fort Myers ! Notre vitesse moyenne sera de 23,2 km/h et nous pédalerons 123 km en 5h. Nous allons dormir chez la tante d'Ariane. Ce sera des retrouvailles, parce que cela fera environ deux ans qu'elles ne se seront pas vues :) Nous prendrons une journée de repos pour faire du lavage, refaire nos sacoches et nous reposer. Nous allons également alléger nos sacoches et laisser du matériel superflu pour le restant du voyage. Comme, par exemple, la doudoune, du linge chaud, l'ordinateur et autre matériel que nous utilisons moins pour l'assaut final.

Demain, nous repartons pour terminer notre voyage d'un océan à l'autre, du pacifique à l'atlantique. Sauf qu'au lieu de nous rendre à Miami... nous avons décidé de nous rendre à Key West, le point le plus au sud des États-Unis. Il annonce très chaud et ensoleillé.


Malgré le manque de neige, ici les palmiers sont décorés de lumières de Noël et ils ajoutent des sapins artificiels avec des boules et l'ambiance des fêtes est assez étrange, avec les plages et les températures chaudes !

2 commentaires:

  1. TTTRRRROP COOL !! Un p'tit allô je pense à vous , vous devez avoir des cuisses et des molets de malade!!

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    1. Votre aventure est intéressante à suivre, bravo pour tous ces kilomètres!

      Comme vous, nous sommes des voyageurs à vélo, sauf que nous sommes un brin (!) plus agés (!) et nous roulons en tandem. A l’automne 2013, nous sommes allés jusqu’à Key West (au départ des Blue ride en Virginie).

      Les Keys avaient été un beau coup de coeur. Depuis la Caroline du Sud, nous avions eu 10 jours d beau temps consécutifs, incluant un fort vent de dos qui nous a fait volé jusqu’à Key West!

      Le camping dans les Keys a été difficile, car peu d’endroits suffisamment en retrait pour monter la tente, et les campings commerciaux étaient dispendieux. Si vous êtes membres du réseau Warmshowers.org, quelques hébergements gratuits pourraient vous dépanner (un à Tavernier, plusieurs à Key West). Bonne chance pour la suite et la fin de votre périple!

      Quelques mots aussi pour mentionner qu’on parle de vous, de notre aventure et de votre blog sur WWW.velocia.ca . Velocia rassemble une multitude de cyclistes québécois de tout acabit, des coureurs aux voyageurs à vélo et tout ce qu’il y a entre les deux. Vous pourrez nous lire ici:

      http://www.velocia.ca/forums/cyclotourisme-velos-voyages-equipements/30570-voyageurs-velo-inspirants-3-couples-quebecois-actuellement-velo-de-par-le-monde.html

      http://www.crazyguyonabike.com/rikimiki

      https://www.warmshowers.org

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